Canicule: Pour aider les sans-abris, “la première chose à faire est d’appeler le 115”

Avec les personnes âgées, les sans-abris font partie des populations les plus vulnérables en période de fortes chaleurs.

Depuis le 30 juin 2015, un épisode caniculaire frappe la France et quarante-sept départements métropolitains ont été placés en vigilance orange par Météo France, le 1er juillet. Durant ces périodes de très fortes chaleurs, les sans-abris sont en première ligne et dépendent, entre autres, des maraudes effectuées par certaines associations. Entretien avec Eric Pliez, président du Samu social de Paris.

Youphil.com: Plusieurs départements ont été placés en vigilance orange à la canicule, le 30 juin dernier. Qu’est-ce que cela implique pour les équipes du Samu social de Paris?

Eric Pliez: Les fortes chaleurs mobilisent toutes nos équipes de maraude à Paris. Elles peuvent transporter les personnes dans des lieux frais, faire de la prévention en informant sur les lieux ressources qui existent, les accueils de jour, les points d’eau… La plupart des espaces solidarité et insertion [ESI, gérés par des associations, NDLR] à Paris ont élargi leurs horaires d’ouverture. Ils accueillent et sensibilisent les personnes en grande précarité, et mettent à disposition des jets d’eau ou des ventilateurs. Nous avons la chance d’être implantés au sein de l’Hospice St Michel, dans le 12e arrondissement de Paris, avec l’ESI “La Maison dans le jardin”: des infirmières peuvent donc venir s’occuper de certaines personnes.

Les mesures mises en place dans le cadre du plan national canicule prennent-elles suffisamment en compte les personnes sans abri?

Il y a des consignes claires de la part de l’Etat et un soutien de la Ville de Paris. Il y a une véritable coordination et des rappels aux équipes: des consignes sont données dans les lieux d’hébergement sur la température des pièces à maintenir, sur l’importance de fermer les fenêtres et de s’hydrater. Cela fonctionne bien.

La Ville de Paris est bien quadrillée par les maraudes et la coordination entre les différentes structures d’aide fonctionne, je ne suis pas très inquiet. Les maraudes bénévoles fonctionnent un peu moins durant l’été, mais les maraudes “professionnelles” sont maintenues, il n’y a pas de creux. Pour autant, cela ne doit pas nous empêcher d’être vigilants.

Les associations de solidarité alertent sur la gestion saisonnièredite “au thermomètre”, de l’hébergement d’urgence en France. Quelles sont les conséquences pour les sans-abris?

C’est sûr qu’il y aurait moins de monde dehors si les lieux d’hébergement n’avaient pas été fermés à la fin de l’hiver. Environ 37% des personnes vivant dans la rue décèdent entre les mois d’avril et juillet: c’est avant tout une conséquence de la remise à la rue, car les gens meurent rarement d’insolation. En fermant les centres d’hébergement à la fin de l’hiver, on casse une dynamique d’insertion. Quatre ou cinq mois d’hiver passés en hébergement permettent à certaines personnes d’avoir une adresse et de trouver du travail, par exemple.

Est-ce exagéré de dire que les sans-abris sont les plus fragiles durant les épisodes caniculaires?

Non ce n’est pas exagéré, la rue accentue toutes les difficultés! Une partie des personnes sans abri sont très alcoolisées et vont subir d’autant plus les effets de la chaleur. La première chose à faire si l’on rencontre une personne dans cette situation est d’appeler le 115 [numéro d’urgence du samu social, NDLR]. Nous nous organisons ensuite pour venir la chercher. Malgré tout, chaque jour, environ 150 appels sur 1500 ne peuvent aboutir. Si les personnes sont vraiment très mal, il faut évidemment appeler le 15 [numéro d’urgence du samu, NDLR].